Descriptif
L’homme, la bête, l’animal
Dans les premiers mois du confinement, il a suffit que l’activité des hommes ralentisse pour qu’on voit partout les animaux réapparaître, explorer les mondes humains et nous donner le spectacle de leur curiosité et de leur nonchalance. Nous avions oublié à quel point ils ont disparu de nos mondes habités et à quel point notre espèce est de plus en plus seule dans son humanité. Comment en sommes-nous arrivés là ?
Cela tient d’abord au fait que, dans notre civilisation, l’être de l’animal est longtemps resté obscur, l’homme se comprenant par opposition à l’animal. L’animalité devait alors désigner la part basse, incontrôlable et amorale de l’humanité. C’est depuis notre possible bestialité que nous comprenions l’animalité. Et il est maintenant criant qu’en coupant l’humanité de l’animalité pour la constituer en règne, on devait donner le champ libre à tous les abus. Inutile de rappeler la vertigineuse disparition des espèces ou le traitement monstrueux des animaux à quoi conduit notre industrie alimentaire.
Mais les choses sont fondamentalement en train de changer car depuis un petit siècle, notre perception des autres qu’humains a été révolutionnée. Ils apparaissent enfin avec des subjectivités propres et multiples. La tique n’est pas une machine biochimique mais un vivant qui évalue l’environnement en configurant son espace-temps, l’oiseau ne siffle pas pour assurer sa survie mais chante pour exprimer le territoire, le loup n’est pas une bête féroce mais un grand diplomate... Désormais, les concepts de mécanisme, d’instinct et de sauvagerie sont des obstacles épistémologiques. Alors, comment réinventer nos rapports aux animaux que nous ne sommes pas ainsi qu’à l’animal que nous sommes ?
La question est à la fois de définition et d’action. Il ne s’agit pas de nier l’exception humaine et ses dimensions techniques, symboliques, métaphysiques. Qui sommes-nous, nous les humains qui avons perdu toute capacité d’adaptation à l’environnement pour nous mettre à fabriquer tous les environnements ? Mais il en va aussi d’une recomposition politique de nos liens avec les autres animaux, c’est-à-dire d’une politique qui ne serait plus le fait des seuls humains. Pouvons-nous devenir sensible au point d’élaborer un monde qui serait indemne de la violence contre l’animal ? Inventer des diplomaties pour mieux les connaître et les respecter ? Ou carrément en faire nos alliés dans la lutte contre la façon humaine, trop humaine, d’exploiter le monde ?
Bibliographie indicative :
Philosophie
René Descartes, Lettre au marquis de Newcastle
Giorgio Agamben, L’ouvert : De l’Homme et de l’animal
Vinciane Despret, Penser comme un rat
Caitlin O’Connell, Le parrain –au cœur d’un clan d’éléphants
Baptiste Morizot, Les Diplomates : cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant
Antoine Chopot et Léna Balaud, Nous ne sommes pas seuls : Politique des soulèvements terrestres
Cinéma
Werner Herzog, Grizzly man
Jean-Michel Bertrand, La vallée des loups
Hayao Myazaki, Nausicaä de la vallée de vent
Isao Takahata, Pom Poko
Littérature
Herman Melville, Moby Dick
Jack London, L’appel de la forêt
Franz Kafka, Le terrier/Joséphine, la cantatrice ou le peuple des souris
Modalité d’évaluation :
Ce séminaire doit être conçu comme un laboratoire collectif. Les étudiants auront à présenter un exposé oral qui alimentera nos discussions. L’assiduité sera prise en compte dans l’évaluation.
Langue du cours : Français
Crédits ECTS : 2
effectifs minimal / maximal:
/25Diplôme(s) concerné(s)
Parcours de rattachement
Format des notes
Numérique sur 20Littérale/grade réduitPour les étudiants du diplôme Echanges PEI
Le rattrapage est autorisé (Note de rattrapage conservée)- Crédits ECTS acquis : 2 ECTS
Pour les étudiants du diplôme Titre d’Ingénieur diplômé de l’École polytechnique
Le rattrapage est autorisé (Note de rattrapage conservée)- Crédits ECTS acquis : 2 ECTS
La note obtenue rentre dans le calcul de votre GPA.