v2.11.0 (5757)

HSS - Séminaire - HSS415C : Anthropologie

Domaine > Humanités et sciences sociales.

Descriptif

Faire de l’anthropologie, c’est prendre au sérieux les peintures faciales, les rites d’initiation et les pèlerinages, au même titre que les pratiques des usagers du métro, les défilés militaires et les débats à l’Assemblée nationale. L’anthropologie est une discipline de l’altérité, fondée sur la rencontre des points de vue. Son ambition est de définir la spécificité et l’unité de l’homme à travers la diversité des réalisations sociales et culturelles. Cette discipline repose sur une méthodologie privilégiée : l’enquête de longue durée sur le terrain. Dans les années 1950’, Evans-Pritchard décrit ainsi le travail de l’anthropologue : « Il va vivre [dans un autre peuple que le sien, une autre société que la sienne] et apprend sa façon de vivre. Il apprend à parler la langue [de ces gens], à penser dans leurs concepts, à sentir selon leurs valeurs. Ensuite, il revit cette expérience de façon critique, interprétative, dans les catégories conceptuelles et les valeurs de sa propre culture et dans le langage du corps général de connaissance de sa discipline. En d’autres termes, il traduit d’une culture à l’autre » (Social Anthropology, 1951 : 61). 

Dans le cadre de cet enseignement, nous verrons que l’anthropologie est un mode original de connaissance qui implique de considérer les Autres de manière à rendre intelligible leurs pratiques et leurs interprétations du monde, y compris si celles-ci nous semblent au premier abord irrationnelles. Par une approche comparative des différentes cultures, logiques et manières de vivre en société, l’anthropologie a aussi comme perspective d’isoler des principes d’invariance, c’est à dire des principes que l’on retrouve à peu près partout, quelle que soit la société ou l’époque. Un certains nombre de débats autour de ces « invariants » seront présentés dans les différentes parties de ce cours d’introduction. Enfin, on mettra l’accent sur les implications réflexives de la comparaison anthropologique, toute expérience d’une autre culture s’offrant comme occasion d’un retour d’expérience sur sa propre culture. 

Introduction : sortir de son propre monde

1 – Présentation de la discipline. Cette séance mettra l'accent sur l'impératif méthodologique premier de l'anthropologie : l'immersion sur le terrain. Une série d'exemples concrets permettra de comprendre comment cette forme d'investigation particulière est productrice de connaissances. 

Bronislaw Malinowski, 1989, Les Argonautes du Pacifique occidental, Paris, Gallimard (1ère édition en langue anglaise : 1922).

Nigel Barley, 2001, Un anthropologue en déroute, Paris, Payot et Rivages.

2 - Qu'est-ce-que le traitement réservé aux étrangers nous apprend sur une société donnée? A partir d'une anecdote célèbre, rapportée par Levi-Strauss, de la rencontre entre Indiens et espagnols lors de la découverte du Nouveau Monde, on questionnera la notion d'ethnocentrisme.  

Claude Lévi-Strauss, [1952] 1987, Race et histoire, Paris, Denoël.

Eduardo Viveiros de Castro, 2009, Métaphysiques cannibales, Paris, PUF.

« Tu quitteras ton père et ta mère » : questions de parenté. 

3- L'évitement de l'inceste est-il le propre de l'Homme? La monogamie est-elle une forme d’union moderne ? Quelques unes des questions fortement débattues dans la discipline feront l’objet de ce cours d’anthropologie de la parenté. 

Claude Lévi-Strauss, 1983, « La famille », Le regard éloigné, Paris, Plon.

4 – En continuité avec le précédent cours on se penchera sur la question de la distinction de sexes. Que disent les anthropologues à propos des relations hommes femmes ? 

Françoise Héritier, 2007, Masculin-Féminin, 2 vol., Paris, Éditions Odile Jacob.  

Irène Théry, 2007, La distinction de sexe. Une nouvelle approche de l'égalité, Paris, Odile Jacob.

Cai Hua, 1997, Une société sans père ni mari. Les Na de Chine, Paris, PUF

Le don et la vie sociale des choses

5 - Comment peut-on se battre à coups de cadeaux ? Le caractère gratuit du don est-il une illusion? A partir d’un texte de Marcel Mauss, le cours portera sur la question du don et à ses implications. Il abordera des exemples ethnographiques observés aussi bien chez les Indiens d’Amérique du nord, les insulaires du Pacifique qu’en Occident. 

Marcel Mauss, 1950, « Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques », Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, pp. 389-475. 

6 –  Peut-on dire que « tout est à vendre » dans les sociétés capitalistes ? A partir d’un texte de Maurice Godelier, cette séance introduira à certaines théories contemporaines sur le don.

Maurice Godelier, 2007, « Des choses que l’on donne, des choses que l’on vend et de celles qu’il ne faut ni vendre ni donner, mais garder pour les transmettre », Au fondement des sociétés humaines, Albin Michel, pp. 65-88.

L’ordre sans le pouvoir ? 

7 - Dans le cadre de ce cours d’anthropologie politique, on se demandera dans quelle mesure l’ordre peut être maintenu sans pouvoir centralisé, sans Etat, voire sans chef. L'intérêt sera de requalifier ces "sans" de manière positive en montrant ce qui tient lieu d'institution, d'ordre et de structure là où les organes étatiques et hiérarchiques qui nous sont familiers n'ont pas cours.

Pierre Clastres, 1974, La société contre l’Etat. Recherches d’anthropologie politique, Paris, Editions de Minuit. 

8 – Cette séance sera consacrée à la présentation de certaines controverses en anthropologie politique, notamment autour des notions de stratification sociale, de segmentarité et de pouvoir coercitif. 

Philippe Descola, 1998, « La chefferie amérindienne dans l’anthropologie politique », Revue française de science politique, pp. 38-45.

Bernard Formoso, 2014, "Les sociétés libertaires existent-elles?", L'Homme, n°209

Claude Meillassoux, 1986, Anthropologie de l'esclavage. Le ventre de fer et d'argent, Paris, PUF. 

Ernest Gellner, 1969, Saints of the Atlas, London, Weidenfeld & Nicholson.

Religion, croyances, rituels

9 – Le religieux vise-t-il toujours la recherche d'un sens ultime ou de fins dernières? La relation à Dieu ou aux dieux est-elle toujours teintée de gravité? Cette séance introduire aux différentes modalités possibles de relations aux divinités ou autre entités invisibles, au travers d'exemples ethnographiques, pris notamment dans des sociétés où l'opposition entre le matériel et le spirituel n'a pas de sens

Alain Testart, 1993, Des dons et des dieux, Paris, Armand Colin.

Marc Augé et André Mary, 1989, « L'impératif rituel", Les cahiers du LASA, n°10. 

Jean Rouch, 1971, Les tambours d'avant. Tourou et Bitti, film couleur, 9'. 

10 – Ce cours vise à présenter certaines propositions anthropologiques sur les rituels. Quelques exemples ethnographiques de rites d’initiation (passage à l’âge d’homme, bizutage etc.) seront abordés. 

Victor Turner, [1969] 1990, Le phénomène rituel. Structure et contre structure, Paris, PUF.

Michael Houseman et Carlo Severi, 1994, Naven ou le donné à voir : essai d’interprétation de l’action rituelle, Paris, CNRS/ Maison des sciences de l’Homme. 

11 - Examen

Modalités d'évaluation : Dissertation écrite portant sur l’un des thèmes abordés en cours. Durée : 2h. 

Présence et assiduité.

Langue du cours : Français

 

Credits ECTS : 1

Format des notes

Numérique sur 20

Littérale/grade réduit

Pour les étudiants du diplôme Diplôme d'ingénieur de l'Ecole polytechnique

Le rattrapage est autorisé
    L'UE est acquise si note finale transposée >= C
    • Crédits ECTS acquis : 2 ECTS

    Le coefficient de l'UE est : 1.5

    La note obtenue est classante.

    Veuillez patienter