Descriptif
Les puissances du cinéma
Comme tout art, le cinéma se distingue par une certaine puissance, tant pour sa capacité à créer un objet signifiant que pour celle d’entraîner émotionnellement le spectateur. Ce cours aura pour enjeu la mise au jour des caractères spécifiquement cinématographiques de cette puissance, au vu de la particularité audiovisuelle de son langage. En d’autres termes, il s’agira de voir comment le déploiement dans le temps d’une certaine combinaison d’images et de sons peut faire sens, d’une manière parfois fondamentale.
Puissance sémantique
L’analyse d’une séquence de 2001, L’odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1969) permettra de révéler l’étendue de la puissance sémantique du cinéma et d’envisager, en lien avec la notion kantienne d’idée esthétique (Critique de la faculté de juger), la distinction entre sens et signification.
Puissance démiurgique
La capacité de créer un monde se donne particulièrement à voir dans le cinéma d’animation. L’analyse du film Balance (Christoph et Wolfgang Lauenstein, 1989) servira de point de départ à une réflexion sur le pouvoir du cinéaste, que l’opposition métaphysique entre les conceptions cartésienne et leibnizienne du Dieu créateur permettra d’éclairer.
Puissance narrative et épiphanique
L’analyse du suspense, à partir de séquences tirées de Intolérance (Griffith, 1916) et de L’homme qui en savait trop (Hitchcock, 1956), aidera à mieux pénétrer l’élaboration de la tension dramaturgique. Par-delà l’évocation des procédés assurant la continuité narrative, on mettra en avant la capacité du cinéma à jouer également de la discontinuité : à cet égard, la distinction entre image-mouvement et image-temps posée par Deleuze (Cinéma I et II) nous servira à comprendre comment un certain jeu entre puissance narrative et puissance épiphanique peut se faire jour dans le cinéma (analyse de séquences tirées de L’avventura (1960) et de L’éclipse (1962), d’Antonioni)
Puissance émotionnelle
À partir de la compréhension sartrienne de l’émotion comme transformation magique du monde (Esquisse d’une théorie des émotions), on verra comment un certain bouleversement cinématographique de l’espace et du temps peut suggérer l’émotion d’un personnage et entraîner celle du spectateur (analyse de la frayeur dans Mulholland Drive (David Lynch, 2001) et de la révolte dans Zabriskie point (Antonioni, 1970)).
Puissance morale et politique
Enfin, on cherchera à mettre en évidence les implications morales et politiques du cinéma, et en tant qu’il relève de la problématique de la représentation, qu’elle soit fictionnelle ou documentaire, et en tant qu’il peut constituer une adresse directe au spectateur. À cet égard, on s’intéressera notamment à la représentation du mal dans Benny’s video (Haneke, 1993), à celle de la folie dans San Clemente (Depardon, 1982), et à la séquence finale de La dolce vita (Fellini, 1960).
Modalités d’Évaluation :
Une évaluation écrite le dernier jour (analyse de séquence).
Langue du cours : Français
Crédits ECTS : 2
effectifs minimal / maximal:
/25Diplôme(s) concerné(s)
Parcours de rattachement
Format des notes
Numérique sur 20Littérale/grade réduitPour les étudiants du diplôme Diplôme d'ingénieur de l'Ecole polytechnique
Le rattrapage est autorisé- Crédits ECTS acquis : 2 ECTS