Descriptif

L’innovation est le vecteur qui permet aux découvertes scientifiques d’avoir un impact durable sur notre environnement, nos sociétés, nos vies. Sans innovation, ces découvertes, aussi majeures soient elles, resteraient confinées au monde de la recherche et de l’enseignement. Mais le chemin qui mène de la découverte scientifique à une application pratique, vecteur de progrès dans notre vie de tous les jours, est long et tortueux, et rempli d’inconnu et d’inattendu. Ceci est notamment le cas parce que l’idée initiale que l’on se fait de l’utilisation pratique de connaissances scientifiques est souvent à mille lieues de l’usage final qui en sera finalement fait : qui aurait pu penser que les lasers ne serviraient ni à couper ni à brûler, mais à lire des disques optiques ? Que la théorie de relativité permettrait la synchronisation des satellites GPS? Que les vaccins à ARN messager serviraient à combattre un coronavirus avant de traiter les cancers comme on le pensait destiné ? L’approche « techno-push » généralement (par nécessité) adopté par les inventeurs, qu’ils soient au sein de startups ou de grands groupes, se heurte souvent aux difficultés de la compréhension et de l’anticipation des usages et à la nécessaire construction de connaissances sur des mécanismes humains et sociaux clés dans l’adoption et la diffu-sion d’une technologie.

Or, c’est de cette adoption et diffusion large que dépend l’impact d’une découverte scientifique. La mauvaise compréhension de ces facteurs humains et sociaux, outre le risque d’échec pur et simple de l’innovation qui ne trouverait pas « preneur », a (notamment) conduit également (ces dernières années) à des résistances à l’innovation qui peuvent être extrêmement fortes ou à des innovations technologiques « de niche », visant prioritairement des marchés aisés, et ne conduisant qu'à un impact incrémental ou marginal, d’où les récentes controverses autour d’innovations technologiques telles que la 5G ou les compteurs Linky. Parallèlement, des avancées technologiques ont été mises à profit de manière à pouvoir satisfaire le besoin d’un plus grand nombre : outre l’exemple de Napster qui a détournédes technologies de compression et de réseaux des premiers usages envisagés pour donner (illégalement) accès à la musique numérique au plus grand nombre, ouvrant par la même la voie au « streaming », c’est également le cas du projet Open Source Hardware « RepRap » qui, grâce au travail assidu de passionnés procédant par ingénierie inverse, a permis de démocratiser l’impression 3D en la faisant sortir de sa « tour d’ivoire », en faisant passer le prix des imprimantes de plusieurs dizaines de milliers d’euros à à peine quelques centaines, donnant par la même naissance aux phénomènes des Fab Labs et makerspaces.

Mais surmonter les obstacles au succès d’innovations technologiques, et permettre à la science d’être véritablement porteuse d’impact et de progrès, requiert un double socle de compétences : sans compréhension des fondements scientifiques de la technologie, tout projet d’innovation n’est que science-fiction, sans compréhension des aspects humains et sociaux, tout projet d’innovation n’est que chimère.